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Les Fables de La Fontaine

Comédie-Française

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Denis Podalydès dit L'avare qui a perdu son trésor
2 min • 12/07/2021

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L'usage seulement fait la possession.

Je demande à ces gens de qui la passion

Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme,

Quel avantage ils ont que n'ait pas un autre homme.

Diogène là-bas est aussi riche qu'eux,

Et l'avare ici-haut comme lui vit en gueux.

L'homme au trésor caché qu'Esope nous propose,

            Servira d'exemple à la chose.

                Ce malheureux attendait,

Pour jouir de son bien, une seconde vie ;

Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait.

Il avait dans la terre une somme enfouie,

        Son coeur avec, n'ayant autre déduit

            Que d'y ruminer jour et nuit,

Et rendre sa chevance à lui-même sacrée.

Qu'il allât ou qu'il vînt, qu'il bût ou qu'il mangeât,

On l'eût pris de bien court, à moins qu'il ne songeât

A l'endroit où gisait cette somme enterrée.

Il y fit tant de tours qu'un Fossoyeur le vit,

Se douta du dépôt, l'enleva sans rien dire.

Notre avare, un beau jour ne trouva que le nid.

Voilà mon homme aux pleurs : il gémit, il soupire.

            Il se tourmente, il se déchire.

Un passant lui demande à quel sujet ses cris.

            C'est mon trésor que l'on m'a pris.

 Votre trésor ? où pris ? Tout joignant cette pierre.

             Eh sommes-nous en temps de guerre

Pour l'apporter si loin ? N'eussiez-vous pas mieux fait

De le laisser chez vous en votre cabinet,

            Que de le changer de demeure ?

Vous auriez pu sans peine y puiser à toute heure.

 A toute heure, bons Dieux ! ne tient-il qu'à cela ?

            L'argent vient-il comme il s'en va ?

Je n'y touchais jamais.  Dites-moi donc, de grâce,

Reprit l'autre, pourquoi vous vous affligez tant,

Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent :

            Mettez une pierre à la place,

            Elle vous vaudra tout autant.

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Florence Viala dit Le Cierge
1 min • 12/07/2021

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C'est du séjour des Dieux que les Abeilles viennent.

Les premières, dit-on, s'en allèrent loger

Au mont Hymette, et se gorger

Des trésors qu'en ce lieu les zéphirs entretiennent.

Quand on eut des palais de ces filles du Ciel

Enlevé l'ambroisie en leurs chambres enclose,

Ou, pour dire en Français la chose,

Après que les ruches sans miel

N'eurent plus que la Cire, on fit mainte bougie ;

Maint Cierge aussi fut façonné.

Un d'eux voyant la terre en brique au feu durcie

Vaincre l'effort des ans, il eut la même envie ;

Et, nouvel Empédocle aux flammes condamné,

Par sa propre et pure folie,

Il se lança dedans. Ce fut mal raisonné ;

Ce Cierge ne savait grain de Philosophie.

Tout en tout est divers : ôtez-vous de l'esprit

Qu'aucun être ait été composé sur le vôtre.

L'Empédocle de Cire au brasier se fondit :

Il n'était pas plus fou que l'autre.



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Didier Sandre dit Le Laboureur et ses enfants
1 min • 12/07/2021

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Travaillez, prenez de la peine :

C’est le fonds qui manque le moins.

Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,

Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage

Que nous ont laissé nos parents :

Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage

Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.

Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’août :

Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place

Où la main ne passe et repasse. »

Le père mort, les fils vous retournent le champ,

Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an

Il en rapporta davantage.

D’argent, point de caché. Mais le père fut sage

De leur montrer, avant sa mort,

Que le travail est un trésor.


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Marina Hands dit Le Chêne et le Roseau
1 min • 12/07/2021

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Le Chêne un jour dit au Roseau :

Vous avez bien sujet d’accuser la Nature.

Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent qui d’aventure

Fait rider la face de l’eau

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front au Caucase pareil,

Non content d’arrêter les rayons du Soleil,

Brave l’effort de la tempête.

Tout vous est Aquilon ; tout me semble Zéphyr.

Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage ;

Vous n’auriez pas tant à souffrir ;

Je vous défendrais de l’orage :

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des Royaumes du vent.

La Nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,

Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.

Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos :

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,

Du bout de l’horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

L’Arbre tient bon, le Roseau plie ;

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu’il déracine

Celui de qui la tête au Ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.


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Alexandre Pavloff dit Le Lion et le Moucheron
2 min • 12/07/2021

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"Va-t'en, chétif insecte, excrément de la terre! "

C'est en ces mots que le Lion

Parlait un jour au Moucheron.

L'autre lui déclara la guerre.

"Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi

Me fasse peur ni me soucie ?

Un boeuf est plus puissant que toi :

Je le mène à ma fantaisie. "

A peine il achevait ces mots

Que lui-même il sonna la charge,

Fut le Trompette et le Héros.

Dans l'abord il se met au large ;

Puis prend son temps, fond sur le cou

Du Lion, qu'il rend presque fou.

Le quadrupède écume, et son oeil étincelle ;

Il rugit ; on se cache, on tremble à l'environ ;

Et cette alarme universelle

Est l'ouvrage d'un Moucheron.

Un avorton de Mouche en cent lieux le harcelle :

Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau,

Tantôt entre au fond du naseau.

La rage alors se trouve à son faîte montée.

L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir

Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée

Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.

Le malheureux Lion se déchire lui-même,

Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs,

Bat l'air, qui n'en peut mais ; et sa fureur extrême

Le fatigue, l'abat : le voilà sur les dents.

L'insecte du combat se retire avec gloire :

Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,

Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin

L'embuscade d'une araignée ;

Il y rencontre aussi sa fin.


Quelle chose par là nous peut être enseignée ?

J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis

Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;

L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire,

Qui périt pour la moindre affaire.

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Benjamin Lavernhe dit Le Rat et l'Éléphant
1 min • 12/07/2021

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Se croire un personnage est fort commun en France :

On y fait l’homme d’importance,

Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois.

C’est proprement le mal français.

La sotte vanité nous est particulière.

Les Espagnols sont vains, mais d’une autre manière :

Leur orgueil me semble, en un mot,

Beaucoup plus fou, mais pas si sot.

Donnons quelque image du nôtre

Qui sans doute en vaut bien un autre.

Un Rat des plus petits voyait un Éléphant

Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent

De la bête de haut parage,

Qui marchait à gros équipage.

Sur l’animal à triple étage

Une sultane de renom,

Son Chien, son Chat et sa Guenon,

Son Perroquet, sa Vieille et toute sa maison,

S’en allait en pèlerinage.

Le Rat s’étonnait que les gens

Fussent touchés de voir cette pesante masse :

« Comme si d’occuper ou plus ou moins de place

Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants !

Mais qu’admirez-vous tant en lui, vous autres hommes ?

Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ?

Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes,

D’un grain moins que les éléphants. »

Il en aurait dit davantage ;

Mais le Chat, sortant de sa cage,

Lui fit voir en moins d’un instant

Qu’un rat n’est pas un éléphant.

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Rebecca Marder dit L'Oiseau blessé d'une flèche
0 min 44 s • 12/07/2021

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Mortellement atteint d’une flèche empennée,

Un Oiseau déplorait sa triste destinée.

Et disait en souffrant un surcroît de douleur,

Faut-il contribuer à son propre malheur ?

Cruels humains, vous tirez de nos ailes

De quoi faire voler ces machines mortelles ;

Mais ne vous moquez point, engeance sans pitié :

Souvent il vous arrive un sort comme le nôtre.

Des enfants de Japet toujours une moitié

Fournira des armes à l’autre.


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Christian Gonon dit À monseigneur le Dauphin
1 min • 12/07/2021

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Je chante les Héros dont Esope est le Père,

Troupe de qui l'Histoire, encor que mensongère,

Contient des vérités qui servent de leçons.

Tout parle en mon Ouvrage, et même les Poissons :

Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes.

Je me sers d'Animaux pour instruire les Hommes.

Illustre rejeton d'un Prince aimé des cieux,

Sur qui le monde entier a maintenant les yeux,

Et qui, faisant fléchir les plus superbes Têtes,

Comptera désormais ses jours par ses conquêtes,

Quelque autre te dira d'une plus forte voix

Les faits de tes Aïeux et les vertus des Rois.

Je vais t'entretenir de moindres Aventures,

Te tracer en ces vers de légères peintures.

Et, si de t'agréer je n'emporte le prix,

J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris.


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Anne Kessler dit La Mort et le Malheureux, suivi de La Mort et le Bûcheron
3 min • 12/07/2021

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Un Malheureux appelait tous les jours

La mort à son secours.

O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !

Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.

La Mort crut, en venant, l'obliger en effet.

Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.

Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;

Qu'il est hideux ! que sa rencontre

Me cause d'horreur et d'effroi !

N'approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi.

Mécénas fut un galant homme :

Il a dit quelque part : Qu'on me rende impotent,

Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme

Je vive, c'est assez, je suis plus que content.

Ne viens jamais, ô mort ; on t'en dit tout autant.


La Mort et le Bucheron

 Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.


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Danièle Lebrun dit Le Coq et le Renard
1 min • 12/07/2021

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Sur la branche d’un arbre était en sentinelle

Un vieux Coq adroit et matois.

Frère, dit un Renard adoucissant sa voix,

Nous ne sommes plus en querelle :

Paix générale à cette fois.

Je viens te l’annoncer ; descends que je t’embrasse.

Ne me retarde point de grâce :

Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer.

Les tiens et toi pouvez vaquer

Sans nulle crainte à vos affaires ;

Nous vous y servirons en frères.

Faites-en les feux dès ce soir.

Et cependant viens recevoir

Le baiser d’amour fraternelle.

Ami, reprit le Coq, je ne pouvais jamais

Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle,

Que celle

De cette paix.

Et ce m’est une double joie

De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers,

Qui, je m’assure, sont courriers,

Que pour ce sujet on envoie.

Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.

Je descends ; nous pourrons nous entrebaiser tous.

Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire.

Nous nous réjouirons du succès de l’affaire

Une autre fois. Le galant aussitôt

Tire ses grègues, gagne au haut,

Mal-content de son stratagème ;

Et notre vieux Coq en soi-même

Se mit à rire de sa peur :

Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.


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